Entre Diop Amadou Tidjane et IRA, le divorce vient d’être scellé ! C’était déjà dans l’air du temps ! L’ancien vice-président de l’organisation abolitionniste a annoncé, samedi soir lors d’une conférence de presse dans un réceptif hôtelier de Sebkha, sa «rupture officielle avec IRA ». Ce fut une véritable démonstration de force. Les partisans, sympathisants, proches de Diop ont répondu en masse à son appel. « Des divergences stratégiques d’ordre politiques» avec Biram Dah Abeïd sont à l’origine de cette rupture. « L’on peut dire qu’avec le président Biram Dah Abeïd, nous n’adaptons plus la même approche stratégique et ne fixons, peut-être plus le même horizon. Nous considérons cela comme un phénomène propre à la vie humaine, à la vie des organisations politiques », a justifié Diop.
Après l’échec de plusieurs efforts et tentatives visant à faire d'IRA, dit-il, une «organisation capable de décider suivant les principes mus par l’esprit d’équipe et de collégialité », Diop a jugé « utile de définir clairement ses ambitions politiques. Ainsi, il a décidé, suite à une concertation avec ses camarades, de la création d’une nouvelle mouvance dénommée : Le Front Républicain Pour l’Unité et la Démocratie (FRUD) dont la devise est Volonté, Unité et Solidarité». Le congrès constitutif se tiendra dans trois mois.
Cette mouvance, qui côtoie l’ensemble des forces vives de la Nation, résolument engagée dans une dynamique qui permette de répondre aux aspirations fondamentales de nos concitoyens pour une société de liberté, de paix, de progrès, de travail, de justice et de solidarité, a indiqué son président. Cette mouvance va promouvoir strictement la démocratie en interne avant de promettre une démocratie institutionnelle.
A l’entame de son propos liminaire, Diop a exprimé sa pensée militante à ses anciens compagnons de détention « toujours privés de liberté» et incarcérés à Bir Moghreïn : Moussa Biram et Abdallahi Matalla Saleck, leur réaffirmant son « total et constant soutien jusqu’à leur prochaine libération ».
« Solidarité militante » et « compassion » avec le mouvement des jeunes.
Sur son compagnonnage avec IRA , Diop qui estime avoir « combattu loyalement, avec ferveur et courage(…) n’éprouve aucun « sentiment de regret pour avoir servi IRA en tant qu’organisation». Car, fait-il remarquer, force est de reconnaître que le combat mené par IRA a largement contribué,à l’échelle nationale, à l’émancipation de l’homme opprimé, à rétablir la justice et l’égalité ». Sans faire de déballage ou d’attaques personnelles, contrairement aux vagues qui ont quitté le navire IRA, Diop qui a tenu un discours responsable a souhaité bon vent à ses anciens camarades.
Mauvais procès
Diop a balayé d’un revers de la main les accusations colportées par des «personnes de mauvaise foi » à son encontre concernant sa supposée « infiltration au sein de IRA » et sa mission de mettre sur pied une aile négro-africaine au sein du mouvement abolitionniste.
Selon Diop, ses accusations ne datent pas d’aujourd’hui. J’ai été découvert par qui et entrain de faire quoi ? S'est-il interrogé. « Si je suis un agent de renseignement, le candidat pour qui j’étais directeur de campagne n’est-il pas un agent de renseignement ? Y-a-il quelque chose à renseigner à IRA ? Tout est sur la place publique. Il n’y a aucune discrétion. J’aimerais qu’on apporte les preuves de ces accusations. La vérité finira par éclater. Le jour viendra où chacun sera découvert. Et les masques vont tomber », s’est défendu Diop.
Diop a battu en brèche les « dénigrements des personnes de mauvaise foi » réitérant son ‘esprit nationaliste » et son aspiration d’une « Mauritanie pluraliste, culturelle, unie et solidaire ». Les divergences avec Biram sont apparues au moment du procès en appel à Zouérate, a révélé Diop. Alors que lui et sept autres de ses co-détenus avaient prôné la participation au procès, cinq autres de leurs camarades sous l’influence de Biram étaient favorable à un boycott. « A travers ce procès en appel, notre objectif était de prouver à la nation mauritanienne que nous étions innocents du point de vue technique que juridique. Notre culpabilité n’était pas établie. Il fallait aussi donner l’occasion contrairement au procès en première instance à nos avocats de démonter l’accusation en appel».
Diop n’a pas aussi digéré le laxisme et le silence coupable de IRA au moment de l’embastillement de ses 13 cadres et militants. Une seule manifestation en cinq mois d’incarcération. Pourquoi un tel silence?
Nous avons organisé 82 manifestations et 72 marches lors de l’arrestation et de la détention de Biram et Brahim quoi qu’ils puissent être des présidents, a tonné Diop.
Abordant l’épineuse question de la révision constitutionnelle, Diop a indiqué qu’il fallait tenir en considération beaucoup d’autres problèmes que ceux qui sont mis sur la place publique notamment la citoyenneté, les problèmes socio-économiques. "Ould Abdel Aziz doit quitter le pouvoir à la fin de son mandat", a-t-il scandé.