Récemment, au cours d’un meeting populaire à Nouadhibou, on a vu et entendu le général Aziz parler. Il était furieux, le ton agressif et la gestuelle agitée. Il était déterminé à réagir à ses opposants. Par malheur, il n’a pas eu connaissance de la sagesse aborigène qui déconseille de lancer le Boomerang quand le vent souffle fort. Le vent du changement a soufflé, la veille, à Nouakchott, le peuple était dans la rue en masse. Résultat, le général s’est pathétiquement enchevêtré dans une prolixité discursive affligeante, coup sur coup, ironie, satire, insultes et bourdes de tous genres. Une terrible ‘overreaction’ où l’on a piétiné la décence, bafoué la vérité et nié l’évidence.
Vouloir régler par le verbe ce qui se règle par la réflexion intelligente et l’action posée et pertinente, c’est brasser du vent ou battre l’eau puisqu’on est dans une ville côtière.
Quand il s’adresse aux mauritaniens, Mohamed Ould Abdel Aziz fait des règles élémentaires du parler correct. Il ne s’encombre, ni de rigueur dans les données avancées, ni de faisabilité des projets énumérés, ni même du respect pour le bon sens du citoyen.
Qui parmi nous n’a pas à l’esprit sa sortie médiatique au Palais des Congrès où il a affirmé sans tiquer n’avoir jamais géré l’argent public !?
Pourtant, tout le monde sait et les militaires les premiers, qu’un commandant de bataillon de l’armée nationale a bel et bien une dotation budgétaire destinée à l’alimentation des soldats, (la fameuse PGA), et au fonctionnement des unités surtout quand elles sont des unités opérationnelles chargées de la sécurité présidentielle. Tout comme, d’ailleurs, un chef d’Etat-major particulier du président de la République. C’était une manière pour lui de se mettre à l’abri de tout soupçon de mauvaise gestion.
Peine perdue, cet officier, devenu l’une des plus grosses fortunes nationales en un temps record, ne peut en aucun cas, sauf miracle, se disculper d’enrichissement illicite.
Une autre assertion, tonnerre de feu, est venue de Nouadhibou nous rendre davantage plus dubitatifs, quand il a lâché « depuis mon arrivée au pouvoir, le gré à gré, moyen privilégié de vandaliser l’Etat, a pris fin » sachant pertinemment que le site électronique de la Commission Centrale des Marchés affiche tout le contraire. En effet, 25 milliards d’Ouguiyas de marchés gré à gré ont été attribués en son temps. Le général est loin d’être rigoureux dans ses propos pour un sou, 25 milliards de sous. Tant de contrevérités manifestes est cruellement troublant.
Joseph Goebbels avait un jour soutenu « plus le mensonge est gros, plus il passe » en harmonie avec son maitre pour qui « plus le mensonge est énorme, plus il a des chances d’être cru ». Oui, mais pas ici, la Mauritanie n’est pas l’Allemagne nazie. Notre religion n’aime pas le mensonge. Le hadith a bien dit le menteur n’est pas des notre. Et les mauritaniens sont musulmans, pure tautologie.
Les manœuvres du général sont donc vouées à l’échec. Son volontarisme et sa philanthropie tous démagogiques ne trompent plus personne, la corruption rampante de son régime non plus.
La gouvernance du général Aziz peut être tout sauf une œuvre de construction nationale. C’est de manière patente une entreprise privée de retro-commissions : « la Générale des retro-commissions » peut-on dire. Tous les marches publics quelque soit leur taille tombent dans son escarcelle.
Dommage ! Le système que nous avons combattu et cru avoir mortellement blessé en août 2005 est toujours là. Il a juste esquivé le coup pour se métamorphoser et devenir plus vorace encore.
N’est –il pas grand temps pour nous d’en finir avec l’impunité ?
La Haute Cour de justice ne doit-elle pas se saisir de ce dossier de crimes économiques tout au moins, sinon examiner l’aspect de parjure qu’il recèle car l’auteur est sous serment et au peuple il doit la vérité….
Par Ely Ould Sneiba
Nouakchott, le 07/04.2012