Notre pays connait, depuis la semaine dernière, un nouveau tournant menant à une phase décisive de la crise politique, économique, sociale et morale qu’il subit, du fait des comportements du pouvoir à l’égard de la chose publique. Le Rassemblement des Forces Démocratiques n’a cessé de mettre en garde contre l’ampleur et les risques que comporte cette crise - si elle n’était pas résolue à temps - pour la paix sociale, la cohésion des composantes de notre peuple et pour la pérennité de l’Etat.
Notre parti a, dès les premiers instants, salué le rejet par le Sénat des amendements constitutionnels grossiers, préparés dans des conditions obscures, en vue de saborder les symboles de l’Etat, saper l'unité nationale et accorder l'immunité judiciaire au chef de l’Etat, en le mettant à l'abri de poursuites pour les crimes commis dans l'exercice du pouvoir.
Au lieu de faire preuve de sagesse et de lucidité, en tirant les leçons que lui ont assénées l'opposition sérieuse, le Sénat et l'opinion publique éclairée et prendre conscience de son échec comme il se doit de la part d’un président responsable, au lieu de désapprouver la campagne de dénigrement menée, tambours battants, par ses charlatans contre les sénateurs, Ould Abdel Aziz a préféré sortir dans un nouveau show médiatique marqué, comme à l’accoutumée, par la confusion et parsemé d’insultes et de railleries, explicites et implicites à l’adresse de tout le monde : le Sénat, l'armée, le Conseil constitutionnel, l'opposition, la presse, les poètes, les étudiants, les diplômés, les pays frères et amis, les partenaires au développement ... Préférant persévérer dans ses excès, il déclare, sans aucune gêne, que, pour lui, le rejet définitif par le Sénat de ces modifications ne reflète, en définitive, que l'opinion de 33 anonymes, pas plus !
La plus grande partie de son show lui a servi à ruminer ses promesses électorales non tenues, à tous les égards, et à rabâcher ses projets chimériques, sans jamais aborder les souffrances des citoyens, leur misère, l’insécurité, le chômage endémique, en particulier chez les jeunes ou l'effondrement de la santé et de l'éducation ....
Pire encore, en flagrante violation des normes juridiques de base et sans tenir compte de la gravité de la situation économique, sociale et de sécurité dans laquelle il a mis le pays, Ould Abdel Aziz s’apprête à tordre le cou aux textes constitutionnels explicites qui attribuent, obligatoirement et avant tout référendum, la décision de modifier la Constitution au Parlement, dans ses deux chambres. Citant quelques soi-disant juristes dans son entourage, il affirme son intention d’organiser incessamment ce qu'il a appelé un référendum populaire, ce qui équivaudrait, somme toute, à une large entreprise de fraude - comme il sait si bien le faire - pour l’adoption des modifications décriées.
Il ne fait aucun doute que les desseins de Ould Abdel Aziz, s’ils se réalisaient, n’en plaise à Dieu, mineraient ce qui reste encore des piliers de l'Etat et conduiraient le pays vers une situation aux conséquences gravissimes, marquées par l’absence de paix sociale, l'effondrement de l'Etat et la perte du peu de crédibilité qu’il détient encore, ce qui ne manquerait pas d’avoir un grand impact sur la stabilité dans toute la région, en raison de la position de notre pays et des ressources dont il dispose.
Face à cette situation dangereuse, le RFD :
met en garde Ould Abdel Aziz contre les conséquences néfastes de son mépris pour la Constitution et les lois du pays ;
réitère sa ferme conviction que la solution de sortie de cette crise réside dans un dialogue sérieux, inclusif et responsable, répondant aux aspirations des Mauritaniens pour l’instauration d’un Etat de droit ;
salue l’engagement des ses militants et sympathisants, les exhorte à prendre la mesure du moment critique par lequel passe le pays et à faire preuve de plus de vigilance et de mobilisation, en vue de déjouer les plans catastrophiques ourdis par le pouvoir ;
invite toutes les forces vives de la Nation et l’ensemble des patriotes à s’élever, dans un large front populaire, contre les menées destructrices du régime en place visant le démantèlement du pays ;
lance un appel pressant à tous les amis de la Mauritanie pour l’aider à sortir de cette crise extrêmement grave pour sa sécurité et celle des régions du Maghreb et d'Afrique de l'Ouest.
Nouakchott, le 24 Joumada Athani 1438 – 23/03/2017
Le Comité Permanent du RFD