Plus qu’il ne l’a jamais été, notre pays est assailli par de multiples dangers et risques majeurs qui menacent la pérennité de l’Etat sur le sol national ;
une guerre asymétrique faisant rage, depuis plusieurs années, à ses frontières Est et Sud-est dans un espace constituant un prolongement humain et naturel de la Mauritanie. Au Nord, les tensions fratricides sont de plus en plus vives dans une région à laquelle nos liens sont multiples.
A l’intérieur, l’Etat s’écroule de jour en jour. L’administration, l’appareil judiciaire, le semblant d’institutions politiques s’installent de plus en plus dans l’incurie et l’insignifiance. L’éthique et la morale qui fondent la gestion de la chose publique font de plus en plus défaut.
Le crime organisé défraie la chronique, au quotidien. A chaque jour qui se lève, son lot de meurtres, de viols et de vols à main armée. Notre pays est devenu une plaque tournante du trafic de la drogue dans toutes ses variantes ; les narcotrafiquants y trouvent protection et impunité.
L’image de marque à l'étranger de notre pays en souffre à telle enseigne que certains médias de renom accusent le Chef de l’Etat d’être personnellement impliqué dans des affaires opaques, d’avoir conclu des conventions secrètes avec des organisations terroristes et de se soumettre à la corruption.
La situation économique, quant à elle , dépérit , au regard des indicateurs de base: la dette publique dépasse 93% du PIB et atteint cinq milliards de dollars ; le chômage frappe durement les jeunes, particulièrement les diplômés; le prix des denrées de première nécessité et des hydrocarbures est en augmentation continue en dépit de la chute ou de l’infléchissement des cours mondiaux; la fortune nationale se concentre entre quelques mains ; l’école publique est en délabrement ; le système de santé est de plus en plus dans la précarité . La gestion patrimoniale par le chef de l’ETAT des ressources et moyens de la collectivité nationale est sur toutes les lèvres.
Au lieu d’œuvrer à l’instauration d’un un consensus national large permettant de faire face à ces défis majeurs, le pouvoir développe d’avantage sa politique de diversion en distrayant les citoyens mauritaniens par ce qu’il appelle non sans abus "amendements constitutionnels", prétendus être « le fruit d'un dialogue national » auquel les principales formations politiques, les forces vives et organisations de la société civile n’ont pas daigné de participer. Il n’ y eut à cette position qu’une ou deux exceptions dont les propositions dissonantes ont été purement et simplement rejetées.
Ambigües dans une grande partie de leurs contenus, truffées de contradictions, opaques dans leur finalité, les modifications constitutionnelles en cours de mise en place compromettent encore plus ce qui reste de fragile unité nationale et s’inscrivent en faux contre le renforcement de l’idée de l’Etat dont le pays a tant besoin.
A cet égard, les amendements proposés – qui subissent des rajouts au gré de l’humeur du chef de l’état ou de ses calculs personnels -, se focalisent sur deux points :
1 – Prendre prétexte d’une plus grande décentralisation et de la suppression du Sénat pour diviser le pays en circonscriptions taillées selon des choix électoralistes au mépris de la nécessité vitale de construire un pouvoir central capable de préserver l'unité du pays et d’assurer dans le respect des lois et des liberté la pérennité de l'État et sa primauté.
2 - Changer l’emblème national dont le contenu, les couleurs et leur agencement ont été génialement conçus et choisis par les mauritaniens, il y a plus de 50 ans devenant ainsi au cours d’un demi siècle un symbole national sous lequel s’identifient les mauritaniens à l'étranger et se retrouvent unis sous sa bannière, à l’intérieur.
Pour des raisons que le pouvoir n’a point décliné, les modifications de la constitution qu’il se propose d’instituer se feront par le Parlement croupion réuni en Congrès, le chef de l’Etat s’étant délié – comme à l’accoutumée - de son engagement, maintes fois répété par lui-même et ses porte-voix, de recourir au référendum pour y procéder. Pourtant, il n’est un secret pour personne que le mandat du Sénat actuel est largement arrivé à terme.
A la demande du pouvoir - qui était sur un scenario différent de celui qu’il suit actuellement-, le Conseil Constitutionnel a déjà publiquement pris acte de ce fait, recommandant le renouvellement de cette chambre avant la fin de l’année 2016! Aujourd’hui, comble du ridicule, le pouvoir confie à un Parlement, dont l’une des deux composantes n’a plus d’existence légale, le soin de procéder à une révision constitutionnelle!
La deuxième chambre (l’Assemblée nationale), quant à elle, a été formée à l’issue d’élections sans légitimité politique, en l’absence de tout consensus national, supervisées par des structures (CENI et Conseil Constitution et dénoncent la légèreté coupable avec laquelle le pouvoir en place traite l’emblème national ;
Considèrent ces pratiques comme des actes de haute trahison, exposant leurs auteurs aux poursuites légales
Appellent le peuple mauritanien et les forces vives du pays à un sursaut national pour faire face à cette mascarade et pour mettre en échec cette aventure aux conséquences incalculables.
Nouakchott, le 25/02/2017
Le RFD
L’UNAD