M. Samba Thiam, président des FPC : ‘’Le gouvernement trahira de nouveau s’il choisit la voie parlementaire’’

Sun, 2017-03-05 14:30

Le Calame : Le gouvernent est  décidé a faire adopter les amendements constitutionnels par le Congrès parlementaire. Qu’en pense les FPC ?

-Samba  Thiam : Il est bon de  rappeler que sur cette question le groupe de l’opposition  dialoguiste  était divisé ;  la tendance majoritaire avait choisi  la voie référendaire pour la consultation. Les FPC appartenaient à ce camp du référendum. Elles s’en tiennent encore  à cette position, car la consultation par cette  voie  serait, nous semble-t-il,  plus juste,  plus crédible, et  plus conforme  au souhait des participants au dialogue.

 

 - La question de cohabitation ne fait pas partie des recommandations choisies pour la constitution. Qu’en est –il ? Vous vous  êtes donc battus pour rien ?

-Disons plutôt, pour être plus juste, un élément de la question de la cohabitation … Il s’agissait en l’occurrence  de la question de l’officialisation des langues nationales. Oui, le gouvernement a délibérément  choisi d’éliminer  ce point des conclusions  du dialogue national qui, pourtant, a  fait objet d’un large consensus. Il faut le déplorer.

 

 

Que peut-on en penser?

Dire, non pas que nous avons perdu notre temps, comme vous semblez  le poser, mais plutôt que le gouvernement a dévoyé les résolutions finales retenues et trahirait, pour la seconde fois, s’il choisissait la voie parlementaire. Mais, encore une fois, notre présence au dialogue n’a pas été inutile à bien des égards, loin s’en faut ! Notre but était davantage d’interpeller les congressistes, forcer un débat sur les questions vitales, souvent éludées, sans nous faire trop d’illusions sur ce qui en sortirait… Sur ce plan là nous pensons que  notre objectif  a été   atteint.

 

-Où en êtes vous avec votre plainte contre le ministère de l’intérieur ?

- Le dossier reste toujours pendant. Les contacts  entre la cour suprême et nous se poursuivent. L’affaire progresse, pas aussi  vite que nous aurions souhaité, il est vrai, mais elle  progresse. Nous sommes persuadés que si le droit était dit, le ministère de l’intérieur perdrait la partie, car il  a tort sur toute la ligne. Il resterait alors l’application d’une décision de justice… Ce serait, à nouveau, un autre bras de fer à engager, puisque  nous avons affaire  à des ’’ chefs’’  qui se considèrent comme étant  le droit et la loi même !  Avec une telle mentalité mise en pratique, l’érection d’un Etat de droit n’est pas pour demain ! Nous nous forçons, malgré tout,  à l’optimisme …

 

- Que pensez-vous de nos rapports avec nos voisins ?

- Que ressentez –vous, vouliez-vous dire? J’en suis affligé, comme bon nombre de  mauritaniens  équilibrés …

Que faut-il en penser ? Ceci : Ceux-là  qui nous gouvernent  offrent, par leur diplomatie godiche, pleine de maladresses,  une piètre image du pays ! Une diplomatie ambivalente pour ne pas dire incohérente, sûrement suffisante  et pleine de maladresses, qui se veut  participative aux missions de maintien de la paix (Centrafrique, Côte d’Ivoire) mais entretient un climat de  suspicion et de  tension avec ses voisins immédiats ! Avec le  Mali, il y a un déficit de confiance –à juste raison ;  déficit  de  confiance  également  avec le  Maroc, tension larvée permanente avec le Sénégal, sciemment entretenue, problème de leadership avec l’Algérie dans une relation du ‘’ je t’aime moi non plus’’…

De cette diplomatie tâtonnante , suffisante  et parfois provocatrice, doublée d’une politique intérieure ouvertement  ethniciste  et clanique , l’image du pays  ne  peut  en sortir  que  lacérée et ternie, forcément !

 

Propos recueillis par DL