Le Calame : Le gouvernent est décidé a faire adopter les amendements constitutionnels par le Congrès parlementaire. Qu’en pense les FPC ?
-Samba Thiam : Il est bon de rappeler que sur cette question le groupe de l’opposition dialoguiste était divisé ; la tendance majoritaire avait choisi la voie référendaire pour la consultation. Les FPC appartenaient à ce camp du référendum. Elles s’en tiennent encore à cette position, car la consultation par cette voie serait, nous semble-t-il, plus juste, plus crédible, et plus conforme au souhait des participants au dialogue.
- La question de cohabitation ne fait pas partie des recommandations choisies pour la constitution. Qu’en est –il ? Vous vous êtes donc battus pour rien ?
-Disons plutôt, pour être plus juste, un élément de la question de la cohabitation … Il s’agissait en l’occurrence de la question de l’officialisation des langues nationales. Oui, le gouvernement a délibérément choisi d’éliminer ce point des conclusions du dialogue national qui, pourtant, a fait objet d’un large consensus. Il faut le déplorer.
Que peut-on en penser?
Dire, non pas que nous avons perdu notre temps, comme vous semblez le poser, mais plutôt que le gouvernement a dévoyé les résolutions finales retenues et trahirait, pour la seconde fois, s’il choisissait la voie parlementaire. Mais, encore une fois, notre présence au dialogue n’a pas été inutile à bien des égards, loin s’en faut ! Notre but était davantage d’interpeller les congressistes, forcer un débat sur les questions vitales, souvent éludées, sans nous faire trop d’illusions sur ce qui en sortirait… Sur ce plan là nous pensons que notre objectif a été atteint.
-Où en êtes vous avec votre plainte contre le ministère de l’intérieur ?
- Le dossier reste toujours pendant. Les contacts entre la cour suprême et nous se poursuivent. L’affaire progresse, pas aussi vite que nous aurions souhaité, il est vrai, mais elle progresse. Nous sommes persuadés que si le droit était dit, le ministère de l’intérieur perdrait la partie, car il a tort sur toute la ligne. Il resterait alors l’application d’une décision de justice… Ce serait, à nouveau, un autre bras de fer à engager, puisque nous avons affaire à des ’’ chefs’’ qui se considèrent comme étant le droit et la loi même ! Avec une telle mentalité mise en pratique, l’érection d’un Etat de droit n’est pas pour demain ! Nous nous forçons, malgré tout, à l’optimisme …
- Que pensez-vous de nos rapports avec nos voisins ?
- Que ressentez –vous, vouliez-vous dire? J’en suis affligé, comme bon nombre de mauritaniens équilibrés …
Que faut-il en penser ? Ceci : Ceux-là qui nous gouvernent offrent, par leur diplomatie godiche, pleine de maladresses, une piètre image du pays ! Une diplomatie ambivalente pour ne pas dire incohérente, sûrement suffisante et pleine de maladresses, qui se veut participative aux missions de maintien de la paix (Centrafrique, Côte d’Ivoire) mais entretient un climat de suspicion et de tension avec ses voisins immédiats ! Avec le Mali, il y a un déficit de confiance –à juste raison ; déficit de confiance également avec le Maroc, tension larvée permanente avec le Sénégal, sciemment entretenue, problème de leadership avec l’Algérie dans une relation du ‘’ je t’aime moi non plus’’…
De cette diplomatie tâtonnante , suffisante et parfois provocatrice, doublée d’une politique intérieure ouvertement ethniciste et clanique , l’image du pays ne peut en sortir que lacérée et ternie, forcément !
Propos recueillis par DL