Sans surprise, c'est le « oui » qui l'emporte en Mauritanie à plus de 85% pour un référendum avec deux volets, une modification du drapeau (85,6% « oui »- 9,9% « non ») et la suppression du Sénat (85,6%, 10,02%). L'enjeu de cette consultation c'était surtout le taux de participation, puisqu'une large coalition de l'opposition et de la société civile appelait au boycott, accusant les autorités d'avoir violé la procédure pour convoquer ce scrutin. Après plus de 24 heures d'attente, le chiffre de la participation est finalement tombé dimanche : 53,75%, selon la commission électorale. Un chiffre d’ores et déjà contesté. Que doit-on retenir de ces résultats provisoires proclamés dimanche soir ?
Pour ce qui est de la participation, c'est à Nouakchott qu'elle a été parmi les plus faibles du pays : entre 35 et 37%, selon les départements (la capitale en compte plusieurs). Les proches du pouvoir assurent que c'est à cause des vacances scolaires ou de l'hivernage.
Faux, répond l'opposition, c'est le résultat de la campagne de boycott. Elle estime même qu'à Nouakchott comme dans le reste du pays, la commission électorale a largement surestimé la participation sur pression du pouvoir. Ce qui expliquerait pourquoi la commission électorale a été incapable de fournir un taux de participation jusqu'à la proclamation des résultats provisoires. Les sept membres de la commission électorale ont tous siégé à la proclamation, souligne une source à la Ceni qui dément toute division ou réticence de ses membres.
A noter qu'à Sebkha, quartier populaire de Nouakchott avec une grande majorité de négro-mauritaniens, le « non » l'a emporté. Ailleurs dans le pays, le « oui » est largement en tête. Pour les deux questions posées, la modification du drapeau comme la suppression du Sénat, au niveau national, le « oui » l'emporte même avec 85,6%, le « non » avoisine les 10%.
Il y a presque 10% de bulletins nuls, précise une source à la Ceni. Ce serait, selon cette source, une indication de la complexité du vote, le référendum, que les Mauritaniens maîtriseraient mal.
Nous pensons que ce taux ne représente pas la réalité, il est surestimé, et de très loin...
Yahya Ould Ahmed El Waghef, président d'ADIL, le parti du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui appelait lui aussi au boycott
07-08-2017 - Par Sonia Rolley